Description architecturale de l’église

Nous vous invitons à découvrir l’église luthérienne, bâtiment centenaire et atypique, lieu de prière accueillant toutes et tous.
L’église en tant que lieu de rassemblement d’une communauté répond à un programme. Ce programme, visant à célébrer le culte, engendre un parti, c’est-à-dire une organisation des lieux, une partition de l’espace.
Le parti retenu pour l’église de la confession d’Augsbourg est d’une grande simplicité, certes, mais témoigne de cette dignité sans ostentation, chère au cœur des protestants.
Premier édifice protestant construit à Metz après 1870, il est l’œuvre de l’architecte Schulte et de l’entreprise Mungenaste pour la construction. Inauguré le 28 août 1893, l’église s’élève sur un terrain exigu, irrégulier et peu profond.
L’édifice est serré entre les maisons avoisinantes, sa façade, discrète, est néanmoins surmontée d’un clocher qui signale la présence de l’église à l’environnement et à la communauté. Ainsi distinguée, elle fait pourtant partie intégrante des constructions qui font la rue. Son style néo-renaissance s’intègre sans heurts dans l’urbanisme environnant.
On pénètre à l’intérieur par un vestibule. La lumière se fait mesurée. L’impossibilité d’ouvrir des fenêtres latéralement provoque un choix inhabituel d’éclairage et de couverture. Trois oculi sont percés dans la voûte carénée et créent une atmosphère intime dans la nef, propice à la méditation et à la concentration.
Dans le chœur, au contraire, éclate la lumière diffusée par cinq larges fenêtres ; seule la baie centrale porte un décor historié où le Christ en gloire, debout sur les nuées et entouré de rayons jaunes, se détache sur fond bleu.
Deux anges assurent la liaison entre le ciel et la terre. Sous les nuées, les apôtres se tiennent debout. Des fleurs et des têtes d’angelots forment une large bordure, alors que l’inscription proclame :

« Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Matthieu, 28-20)

Le mobilier est composé des éléments traditionnels : orgues, chaire, table de communion, fonds baptismaux et tribunes. Les orgues, disposées au revers de la façade sont accompagnées de part et d’autre de tribunes qui se dressent sur deux niveaux.

Du fait de l’étroitesse de la salle, cet agencement engendre une partition originale de l’espace de la nef, tant en plan qu’en élévation. Les galeries légèrement en retrait l’une par rapport à l’autre, reposent sur de fines colonnettes et habillent avec élégance les murs.
La présence des tribunes correspond en premier lieu à la nécessité d’un gain de place, mais elle valorise aussi le travail du bois, l’association des matériaux et le jeu des couleurs du mur et du bois.
La chaire, appuyée contre le mur extérieur du chœur, est dominée par un abat-voix monumental. Une inscription en allemand célèbre la proclamation de la Parole en se référant à la pierre d’angle qu’est le Christ.
Dans le chœur polygonal, l’autel est surmonté à la fois d’un triptyque et d’une croix habitée. Le triptyque est une œuvre de bois sculpté qui porte en son centre un ecce homo, finement gravé, alors que se disposent sur les volets des épis de blé accompagnés d’une patène et de ceps de vigne sortant d’un calice.

Cette organisation des lieux reste traditionnelle, tant par la partition de l’espace résultant de la présence des tribunes que par la disposition du mobilier liturgique.
Mais elle prend toute sa puissance et sa chaleur dans la distribution de la lumière, colorée ou transparente du chœur, lumière estompée de la nef. Ainsi est créée l’harmonie heureusement rehaussée par les travaux du centenaire.

Marie-Antoinette Kuhn, historienne de l’Art

Notes et références :